Assembler




Les pots


C’est plutôt les restes, les rebus, la terre trop sèche, trop mélangée. La terre qui colle, la terre qu’on repèche avant qu’elle ne bascule vers le sec.
Et puis toutes les autres qui sont irrémédiablement passées du côté inerte. J’en fais des POTS, pour y planter ce que je glane, cultive : composer avec le végétal.
Les pots, c’est mon affaire du moment. Ils s’érigent dans le temps selon 2 techniques.

- Le modelage avec les restes de terre : ils prennent la forme en fonction du temps qui m’est alloué et des terres qui sont disponibles. Les terres chamotées sont souvent calées à la base, et les couches en colombin se superposent. Parfois j’étire des balles de terres qui intègrent l’ouvrage. Ce qui me plait c’est de fabriquer des objets qui ne suivent aucune norme esthétique, qui sont issus de contraintes temporelles et résiduelles et qui reproduisent un protocole que je m’impose.  Ces objets sont des pièces uniques qui pour moi sont comme des tableaux vivants.

- L’assemblage de pièces cuites et même parfois émaillées, des oubliés des ateliers du café des pratiques. Je les assemble avec de l’émail et les recuits. Ils forment des objets, nourris des énergies de chaque créateur. J’aime redonner vie à des oubliés, jouer avec des matières qui ont déjà une histoire pour faire émerger un objet juste.

Il y a une double vision dans le travail. Avant la cuisson, j’ai l’intuition qu’en ordonnant les pièces et en leur ajoutant tel ou tel émail, je vais obtenir une œuvre aboutie, mais je travaille à l’aveugle, je tâtonne et ce que je place va se révéler à la cuisson.
J’ignore la matière, la couleur, je ne fais que supposer.
Et à l’ouverture du four, il y a une deuxième étape et je collabore avec Néna Nédeljkovic pour produire le socle en bois.





Les mini-sculptures 


Elles occupent mes mains. Chaque fois que je forme des personnes à la céramique, elles reviennent.  Au cours de la formation, nous travaillons à la croûte, et j’invite les stagiaires à fabriquer les plaques de terre à retravailler à la consistance du cuir. 
Ce sont avec les restes, les morceaux asséchés que je construits ces mini-sculptures















Les masses des possibles
C’est une image qui me poursuit.












Pièces


Elles sont des rappels, rassemblent, font commun. L’art d’être tous ensemble. Chaque morceau a une histoire, ils sont récupérés. Je place ces blocs,  pur plaisir « animal », équilibriste ; Je joue la forme juste.


























©Elisabeth Gerl / 2025 / designAIR