2001 Le Bar, hommage aux lieux d'accueil 

Le bar, hommage aux lieux d'accueil est une grande barre formée de quatre blocs ornementés, enluminés dans les veines du bois. Il condense une expérience de deux années d'échanges et de collaboration avec des lieux de vie, lieux d'accueil, petites structures alternatives à la psychiatrie. 
Pour l'exposition Des Territoires (2001) à l'Ensba, salle Melpomène, il file le long de la Seine comme un paravant massif. 





1997-1999 Lieux de vie et lieux d'accueil 

Mon intérêt pour l'histoire de la psychiatrie et de antipsychiatrie m'a conduite à faire l'expérience de structures alternatives appelées "lieux de vie" et "lieux d'accueil". De cette expérience ont résulté toutes sortes de documents et de fictions, écrits, tracés et enregistrés. Ils ont été exposés dans la Chapelle des Petits Augustins, située à l'entrée de l'École des beaux­arts. C'était le premier musée des monuments français après la révolution française. Lise Terdjman et moi avons joué de cette première forme muséale. Nous y avons exposé documents, textes, photographies et objets. Devant la chapelle, nous avons garé l'AX rouge, dans la quelle nous avions sillonné la France à la rencontre des lieux d'accueil. Dans cette AX, le spectateur s'installait pour écouter des entretiens réalisés dans des lieux, montés et rejoués. 





Biographie artistique : des extraits d'un entretien avec Sarah Sékaly éclairant la chronologie des oeuvres et des projets. 

Quels sont les commencements possibles_?
Alors, un commencement possible, c'est avec Lise Terdjman, on a vingt ans, dans la ville, on se demande ce que ça signifie de prendre une photo, de prendre une image, de prendre un son. Qu'est-ce que ça veut dire_? Il y a tout de suite une relation au don. Je prends, je garde_? Ensuite, un des moments vraiment fondateur, c'était l'exposition Hors-limites à Beaubourg. 
Quand Beaubourg était ouvert à tous_: presse au rez-de chaussée, toilettes pour les toxicos en dessous, etc. Dans le hall, il y avait un monument à Felix Guattari fait par Jean-Jacques Lebel. 
Et les gens, ils discutaient, ils interagissaient avec ce monument. L'envie de travailler autour de la notion de déviance est née. On avait vu un film de Jean-Michel Carré, Visiblement,je vous aime, sur un lieu qui s'appelait Le Coral. On a eu envie d'aller voir ce qui se passait là-bas, ça a été notre premier contact, c'est le début de l'aventure des lieux de vie et des lieux d'accueil. Et au moment où j'étais au Coral, il y a eu l'enterrement de Fernand Deligny. La rencontre avec ce personnage a été aussi un moment essentiel. 
Est-ce que tu peux définir ce qu'est un lieu de vie et ce qui t'a marqué dans le travail de Deligny_? 

Les lieux de vie sont de petites structures alternatives à la psychiatrie qui accueillent des personnes en difficultés psychiques ou sociales. Et Deligny_? Avec lui, je fais un pas de côté. Nous avons visité différents lieux, fait des aller-retour, des séjours longs, des séjours courts, pendant deux années. Comment produire des documents en collaboration_? Quelle est la place du poétique et de l'art  dans la cité_? Toutes ces interrogations ... On était à l'école des Beaux-Arts, avec Lise, on a produit des traces directement liées, à chaque fois, à une expérience dans un lieu. On a élaboré des montages sonores, photographiques, des films, des textes, des objets. Ensuite, nous avons fabriqué, un objet métaphorique, le Bar, hommage aux lieux d'accueil, pour une exposition qui s'appelait Des territoires.

Tu peux raconter un peu le processus d'élaboration du bar_? Comment êtes-vous arrivés à l'idée de faire un bar après cette expérience de rencontre avec les lieux d'accueil_? Tu peux parler des dessins ...
En fait, on a déplacé les lieux de vie sur l'idée du lieu commun. Le lieu commun, c'est un peu le temps qu'il fait et c'est aussi l'endroit où les gens se retrouvent et commencent à construire ensemble.
On a passé beaucoup de temps, dans les cafés, à réécrire l'histoire des lieux. Le bar, c'est une sorte de haute table absorbant la richesse de tout ce qu'on avait engrangé là-bas. On l'a voulu un peu plus haut qu'un comptoir traditionnel. Il barrait le regard, l'espace. C'est un peu comme à l'église en fait, c'est pour ça qu'on a posé des sculptures sur le bar, comme un autel. Il est composé de quatre blocs, qui représente chacun une saison. Les dessins qui sont dessus, ce sont des miniatures qui se confondent avec les veines du bois qui sont de plus en plus agitées, nouées. On peut ne pas les voir, ça nous intéressait, ce passage du monumental au minuscule. Au moment de l'expo, il y a eu quelque chose d'hyper drôle. C'était la première expo importante, avec de la presse, à l'école des beaux-arts. Et nous, qu'est-ce qu'on a fait_? On fignolait les dessins du Bar dans le lieu d'exposition, quai Malaquais. On avait une petite masse des possibles, elle était petite et l'idée de la masse des possibles c'était qu'elle soit tellement lourde qu'elle puisse peser et faire basculer le bar, cette espèce de monument. On l'a posée dessus et c'était trop petit donc on en a fait une énorme à partir de tous les rebus des artistes de l'exposition, avec tout ce qu'on a pu trouver comme déchets dans l'école, de la peinture, de la terre, etc., et on a fait une masse ma-nu-men-tale, tellement énorme qu'on a eu du mal à la poser sur le bar, mais on a quand même réussi. De cet acte il ne reste aucune photo, rien du tout ... Et quand les gens ont vu cette masse, à part les sœurs Holenbucher qui travaillaient à côté de nous et qui ont été touchées par ce geste, tout le monde nous a dit_: «_Ah non là ça va pas être possible_!_». Alors, on a viré notre merde du bar (rires). On l'a virée mais elle était extraordinaire_! C'était pourtant magnifique de la voir_!
Ensuite, il y a eu une exposition-atelier à la fondation lcar, autour du thème «_centre et périphérie_» . Là, on a décidé de faire des gaines pour habiller le bar. On travaillait avec machine à coudre et du tissu, toute la journée dans l'espace d'exposition.


1999 Première esquisse du Bar

C'est dans la cave du Mûrier, sous l'École des beaux-arts, que nous avons passé notre diplôme et réalisé la première esquisse du Bar, Hommage aux lieux d'accueil. Il a fermenté là, en dessous, dans un lieu historique, dans un site presque archéologique.







2001 Les compléments du Bar

Ils donnent des informations sur les dessins du Bar. La répartition des dessins peints sur les surfaces du Bar est cartographiée dans les Menus. A chaque dessin correspond une Fiche. Les Fiches sont regroupées dans la Somme.
















©Elisabeth Gerl







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