Photographier




C’est la question du désir et de la contemplation réunis.

La photographie, m’a happée. Je m’y suis précipitée. «  Prendre une image » m’a questionné. Il y avait quelque chose du vol.
J’ai fait beaucoup d’images, dans des lieux de vie, mon quotidien. J’ai suivi des fils, me suis promenée, ville bois, espace intermédiaires. J’ai capté, captivée. J’ai embarqué mon regard à la marge de la vie. Ça me tenait.
Dans la prise de vue, il n’y a rien de mécanique et rien de défini. On navigue. On peut avoir un sujet, mais mille façons de l’aborder, point des vues, angles d’approche.
Je ne faisais pas de photo journalisme donc pas d’urgence à prendre une image, c’est un tout autre impératif, qui me guidait pour appuyer sur le déclencheur.
La photographie c’est un temps particulier, qui n’est pas dans le faire. Il faut s’extraire. Lâcher prise pour être face à son sujet. Être ouvert absolument à ce qu’il peut arriver. Attendre sans but mais tendre vers. Être prête à accueillir le moment, qui devient forme. Et quand il ne vient pas, alors on cherche, on bouge, on bascule
Puis il y a la face obscure. C’est un peu pareil, plus technique peut-être dans la chambre noire. Beaucoup de réglages, de possibilités au développement. Même attente en négatif, tout est là, il faut modeler la matière avec le temps, la lumière, le cadre. 
Il y a 15 ans, j’ai trébuché dans l’agir, guidé par une foi démesurée en l’art.  Alors  l’œil photographique m’a quitté. Je ne pouvais plus m’extraire, j’étais dedans.
J’ai pris de l’envol, mais pas suffisamment haut pour voir, extérieure. Pour que ça se dessine devant moi. Je compose et ne me laisse pas spectateur. Néna Nedeljkovic documente et poursuit un geste. Peut-être alors que c’est juste une manière de « donner une image ».





















































©Elisabeth Gerl / 2025 / designAIR